Bœuf brésilien : races bovines élevées dans les vastes pâturages

Le Brésil, premier exportateur mondial de bœuf, alimente les tables du monde entier avec sa viande bovine. Cette position de leader s'explique en grande partie par l'élevage extensif, un système traditionnel où le bétail broute librement sur d'immenses territoires. Ces pâturages, qui s'étendent sur des superficies considérables, comprennent des biomes variés tels que le Cerrado et certaines zones de l'Amazonie, offrant un cadre idéal pour l'élevage de diverses races bovines.

Nous explorerons les principales races, les atouts et les limites de l'élevage extensif, son incidence sur la qualité de la viande, les défis environnementaux et les initiatives de durabilité déployées.

Panorama des races bovines brésiliennes : adaptations et spécificités

La génétique joue un rôle essentiel dans l'adaptation des races bovines au climat et à l'environnement brésilien. L'élevage au Brésil se distingue par la présence de races Zébu, originaires d'Asie, qui se sont parfaitement acclimatées aux conditions tropicales du pays. On trouve également des races européennes, davantage adaptées aux climats tempérés du sud du Brésil, et des races créoles, issues de croisements entre races européennes et locales, qui présentent une rusticité et une capacité d'adaptation intéressantes. Cette diversité de races constitue un atout majeur pour répondre aux besoins du marché et relever les défis environnementaux.

Races zebu

Les races Zebu, reconnaissables à leur bosse dorsale caractéristique, représentent une part considérable du cheptel brésilien. Originaires d'Asie du Sud, elles ont été introduites au Brésil au cours du XXe siècle et se sont rapidement adaptées aux climats tropicaux. Leur robustesse, leur résistance aux parasites et leur aptitude à prospérer dans des milieux hostiles en font des races particulièrement prisées par les éleveurs brésiliens. Leur contribution à la production de viande est notable, et leur patrimoine génétique est constamment amélioré grâce à des programmes de sélection et de recherche.

  • Nelore : Race prédominante au Brésil, représentant environ 85% du cheptel national. Elle se distingue par sa capacité d'adaptation au climat tropical, sa résistance aux parasites et sa viande maigre. Le Nelore est particulièrement adapté à l'élevage extensif grâce à sa faculté à se déplacer sur de longues distances pour trouver eau et nourriture.
  • Guzerat : Race à double vocation, exploitée à la fois pour la production de lait et de viande. Elle est reconnue pour sa solidité et sa capacité à s'acclimater à des conditions environnementales difficiles. Le Guzerat contribue également à l'amélioration génétique d'autres races, notamment par le croisement.
  • Gir : Principalement utilisée pour la production laitière, le Gir est une race originaire d'Inde. Son intérêt réside dans son utilisation pour le croisement avec d'autres races, notamment la Holstein, afin d'améliorer la production laitière en climats tropicaux. Le croisement Gir-Holstein est très répandu au Brésil.

L'amélioration génétique des zébus est une priorité pour les éleveurs brésiliens. Des programmes de sélection rigoureux visent à optimiser la production de viande, la résistance aux maladies et l'adaptation aux conditions environnementales locales. La recherche joue un rôle fondamental dans l'identification des gènes responsables des caractéristiques recherchées et dans l'élaboration de stratégies d'amélioration génétique efficaces. Investir dans la recherche et le développement permet de renforcer la compétitivité de l'élevage brésilien.

Races européennes adaptées

Bien que les races Zebu dominent le paysage de l'élevage brésilien, les races européennes ont également conquis une place de choix, en particulier dans les régions méridionales du pays, où le climat est plus tempéré. Ces races sont appréciées pour leurs qualités gustatives, leur tendreté et leur persillage (marbrure). L'intégration des races européennes dans l'élevage brésilien contribue à diversifier l'offre de viande et à satisfaire les exigences des consommateurs les plus avertis.

  • Angus et Hereford : Ces races sont particulièrement bien acclimatées au climat plus tempéré du sud du Brésil. La viande issue de ces races est réputée pour sa saveur et sa tendreté. L'Angus et le Hereford jouent un rôle majeur dans la production de bœuf premium au Brésil.
  • Autres races européennes : D'autres races européennes, telles que le Charolais et le Limousin, sont également présentes au Brésil, bien que moins répandues que l'Angus et le Hereford. Elles participent à la diversité génétique du cheptel brésilien et sont appréciées pour leurs particularités propres.

Races créoles

Les races créoles sont le fruit de croisements entre les races européennes introduites au Brésil pendant la colonisation et les races locales. Elles se distinguent par leur rusticité, leur adaptation aux conditions locales et leur importance historique. La sauvegarde des races créoles est essentielle pour préserver la diversité génétique du cheptel brésilien et pour faire face aux défis posés par le changement climatique.

  • Caracu : Race d'origine portugaise, adaptée aux conditions locales. Le Caracu occupe une place importante dans l'histoire de l'élevage brésilien et contribue à la diversité génétique du cheptel.
  • Mocho Nacional : Race dépourvue de cornes, prisée pour sa capacité d'adaptation et sa rusticité. Le Mocho Nacional est une race résistante qui s'accommode bien des environnements difficiles.

La sauvegarde des races créoles est un enjeu crucial pour l'avenir de l'élevage brésilien. Ces races possèdent des atouts uniques qui peuvent s'avérer précieux pour l'adaptation au changement climatique, la résistance aux maladies et la diversification génétique. Des efforts sont déployés pour conserver ces races et encourager leur utilisation dans l'élevage.

Race Taille Poids (mâle) Adaptation climatique Qualité de la viande Utilisation principale
Nelore Moyenne à grande 800-1000 kg Tropical Maigre Viande
Angus Moyenne 900-1200 kg Tempéré Persillée et tendre Viande premium
Caracu Moyenne 700-900 kg Adaptée aux conditions locales Bonne Viande et travail

L'élevage extensif : un système traditionnel en mutation

L'élevage extensif est le système d'élevage dominant au Brésil. Il se définit par l'exploitation de vastes pâturages, une faible densité de bétail par hectare et une forte dépendance aux ressources naturelles. Bien que ce système offre des avantages en termes de coût de production et de bien-être animal, il soulève également des préoccupations environnementales liées à la déforestation, à la dégradation des sols et aux émissions de gaz à effet de serre. L'élevage extensif est en constante évolution, avec l'intégration de nouvelles technologies et de pratiques plus durables visant à améliorer la productivité et à réduire son impact sur l'environnement.

Définition et caractéristiques

L'élevage extensif est un mode d'élevage où le bétail est élevé en plein air, se nourrissant principalement d'herbe et d'autres végétaux présents dans les pâturages. La densité de bétail par hectare est généralement faible, ce qui contribue à préserver les ressources naturelles et à maintenir la biodiversité. La gestion des pâturages joue un rôle primordial dans la durabilité de ce système, avec la mise en œuvre de pratiques telles que la rotation des pâturages et la fertilisation naturelle.

Atouts et limites

L'élevage extensif présente à la fois des atouts et des limites. Parmi les atouts, on peut citer un coût de production plus faible, un bien-être animal amélioré (grâce à l'accès à l'espace) et un rôle potentiel dans la séquestration du carbone (bien que ce dernier point soit sujet à débat). Du côté des limites, on relève une productivité plus faible par hectare, un risque de dégradation des sols et la déforestation consécutive à l'expansion des zones de pâturage.

Les défis de l'élevage extensif

L'élevage extensif au Brésil est confronté à plusieurs défis de taille. La déforestation, en particulier en Amazonie, constitue un problème majeur, car l'extension des pâturages est l'une des principales causes de la destruction de la forêt. La dégradation des sols, imputable au surpâturage, menace la fertilité des terres et la biodiversité. Les émissions de gaz à effet de serre, notamment le méthane produit par le bétail, contribuent au changement climatique.

Innovations et alternatives

Face aux défis environnementaux, des innovations et des alternatives émergent pour rendre l'élevage extensif plus durable. Les systèmes d'intégration agriculture-élevage-forêt (SILFP) combinent la production agricole, l'élevage et la foresterie sur une même exploitation, ce qui permet d'accroître la productivité, de séquestrer le carbone et de diversifier les revenus. Le pâturage régénératif fait appel à des techniques visant à améliorer la santé des sols et la biodiversité des pâturages. L'utilisation de technologies telles que le suivi du bétail par GPS et la gestion des pâturages par satellite permet d'optimiser l'utilisation des ressources et d'atténuer l'impact environnemental. En outre, des certifications de pratiques durables offrent aux consommateurs la garantie que les produits sont issus d'élevages respectueux de l'environnement.

  • Systèmes d'intégration agriculture-élevage-forêt (SILFP) : Ces systèmes combinent la production agricole, l'élevage et la foresterie sur une même exploitation, ce qui permet d'accroître la productivité, de séquestrer le carbone et de diversifier les revenus.
  • Pâturage régénératif : Des techniques visant à améliorer la santé des sols et la biodiversité des pâturages.
  • Utilisation de technologies : Le suivi du bétail par GPS et la gestion des pâturages par satellite permettent d'optimiser l'utilisation des ressources et d'atténuer l'impact environnemental.

Impact sur la qualité de la viande : goût, texture et composition nutritionnelle

La qualité de la viande bovine est influencée par divers facteurs, notamment la race, l'alimentation et l'âge du bétail, ainsi que les méthodes d'abattage. La race joue un rôle important dans le persillage (marbrure), la tendreté et la saveur de la viande. L'alimentation, et en particulier l'alimentation à l'herbe, a une incidence sur la composition nutritionnelle de la viande, notamment sa teneur en oméga-3 et en antioxydants. L'âge du bétail et la gestion de l'abattage sont également des éléments déterminants pour garantir la tendreté et la qualité de la viande. Le "bœuf à l'herbe" gagne en popularité au Brésil, valorisant les pratiques d'élevage extensif durable et une viande perçue comme étant plus saine.

Influence de la race

La race bovine est un facteur déterminant de la qualité de la viande. Les races européennes, telles que l'Angus et le Hereford, sont réputées pour leur viande persillée et tendre, tandis que les races Zébu, comme le Nelore, produisent une viande plus maigre. La composition génétique de chaque race influe sur la répartition des graisses dans la viande et sur sa texture. Les éleveurs sélectionnent les races en fonction des caractéristiques recherchées et des préférences des consommateurs.

Influence de l'alimentation

L'alimentation du bétail a un impact direct sur la composition nutritionnelle de la viande. Le bœuf nourri à l'herbe a tendance à être plus riche en oméga-3 et en antioxydants que le bœuf nourri aux céréales. L'alimentation à l'herbe confère également à la viande un goût plus prononcé et une texture différente. Les consommateurs sont de plus en plus attentifs à l'alimentation du bétail et privilégient le bœuf nourri à l'herbe en raison de ses bienfaits nutritionnels perçus.

Influence de l'âge et de la gestion de l'abattage

L'âge du bétail au moment de l'abattage et les techniques utilisées ont une incidence sur la tendreté et la qualité de la viande. Un bétail plus jeune aura tendance à produire une viande plus tendre, tandis qu'un bétail plus âgé nécessitera des techniques de maturation spécifiques pour améliorer sa tendreté. La gestion de l'abattage, et en particulier le stress subi par l'animal avant l'abattage, peut également altérer la qualité de la viande.

Facteur Influence sur la qualité de la viande
Race Persillage, tendreté, goût
Alimentation Composition nutritionnelle (oméga-3, antioxydants), goût
Âge à l'abattage Tendreté

Enjeux environnementaux et initiatives de durabilité : un équilibre délicat

L'élevage extensif au Brésil est confronté à des défis environnementaux majeurs, tels que la déforestation, la dégradation des sols, les émissions de gaz à effet de serre et la perte de biodiversité. Le gouvernement brésilien a instauré des politiques et des réglementations visant à lutter contre la déforestation et à encourager l'élevage durable. Des initiatives privées, telles que les programmes de certification et les investissements dans la recherche et le développement de technologies durables, contribuent également à améliorer la situation. Le traçage de la viande est essentiel pour garantir sa provenance et sa durabilité. L'avenir de l'élevage durable au Brésil passe par un changement de mentalité et une transition vers des pratiques plus respectueuses de l'environnement.

Le défi d'un avenir durable

L'élevage extensif au Brésil est confronté à un défi crucial : assurer sa durabilité sur le long terme. Les pressions environnementales, conjuguées à une demande croissante de viande, exigent une transformation profonde des pratiques d'élevage. Les pouvoirs publics, les entreprises et les producteurs doivent collaborer pour mettre en place des solutions novatrices et durables. Le consommateur a également un rôle à jouer en privilégiant les produits issus d'élevages responsables. La transition vers un élevage plus durable passe également par une meilleure gestion des pâturages, la promotion de l'agroécologie et la valorisation des services écosystémiques rendus par les systèmes d'élevage extensif bien gérés. La mise en place de politiques publiques incitatives et la sensibilisation des consommateurs sont également des éléments clés pour encourager l'adoption de pratiques plus respectueuses de l'environnement. L'enjeu est de concilier la production de viande avec la préservation des ressources naturelles et la lutte contre le changement climatique, pour un avenir durable de l'élevage brésilien.

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